Page:Le Tour du monde - 14.djvu/336

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riorité relative, il la doit à la justesse de son point de départ, qui est l’aveu d’un besoin de délivrance, basé sur le double fait de l’existence du mal dans l’homme, ainsi que d’un état universel de misère et de souffrance dans le monde.

Les promesses du culte des Kamis se rapportaient à la vie présente. Les règles de la purification devaient préserver le fidèle des cinq grands maux, qui sont le feu du ciel, la maladie, la pauvreté, l’exil et une mort précoce. Les pompes des fêtes religieuses avaient pour but la glorification des héros de l’empire. Mais dût le patriotisme être idéalisé jusqu’à la puissance d’un culte national, il n’en est pas moins vrai que ce sentiment naturel, si précieux et si respectable, ne suffit pas pour remplir l’âme et assouvir tous ses besoins. L’âme humaine est plus grande que le monde. Il lui faut une religion qui la détache de la terre. Le bouddhisme, en un certain sens, répondait à des aspirations de ce genre, jusqu’alors méconnues. Cette circonstance, propagé au Japon et ailleurs, par les seules armes de la persuasion. Toutefois, l’on peut bien croire que ce n’est pas sous sa forme abstraite et philosophique qu’il est devenu si populaire, et rien ne le démontre mieux que son état actuel.

Boddhi-Dharma. — Fac-simile d’une vignette japonaise.

Le Japon a possédé, comme l’Inde, des ascètes amortis par les abstinences et perdus dans les abstractions ; mais ils furent certainement en très-petit nombre, et le plus illustre d’entre eux était Indou d’origine.

C’est Boddhi-Dharma, le fondateur de la secte sensjou. Il vint au Japon l’an 613 après Jésus-Christ. La légende le représente traversant le détroit de Corée, debout sur une des larges feuilles de l’arbre appelé « aschi, » ou même, ce qui est moins probable, sur une simple tige de roseau. Il s’était préparé à sa mission par une retraite de neuf années consécutives, qu’il passa dans le temple coréen de Schâo-lin, accroupi sur une natte, et le visage invariablement tourné du côté de la muraille.

A. Humbert.

(La suite à la prochaine livraison.)