Page:Le Tour du monde - 14.djvu/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Yédo proprement dite, et celle-ci se développe du sud-ouest au nord-est en s’élargissant graduellement sur une étendue d’environ trente milles, jusqu’à l’endroit où ses eaux baignent les murs de l’immense capitale du Japon. C’est là qu’elle se termine en décrivant un arc de cercle de vingt-deux milles de diamètre, de l’ouest à l’est.

Parvenus à la hauteur de la baie du Mississipi, nous découvrîmes pour la première fois le sommet du Fousi-yama, la « montagne sans pareille », volcan éteint qui s’élève à 12 450 pieds au-dessus de la mer. Il est à cinquante milles nautiques de la côte, à l’occident de la baie. Sauf la chaîne des collines d’Akoni, qui sont à sa base, il est complétement isolé.

L’effet de cette immense pyramide solitaire, couverte de neiges éternelles, défie toute description. Elle donne un caractère de solennité inexprimable aux paysages de la baie de Yédo. Ils ont d’ailleurs quelque chose de plus austère que ceux du golfe, en raison de la plus grande proximité des rives, de la teinte quelque peu sablonneuse des eaux de la mer et de la quantité de cèdres, de pins et d’autres arbres au sombre feuillage, qui couronnent la crête de toutes les collines de la côte.

Résidence du consul général des Pays-Bas, à Benten. — Dessin de Thérond d’après une photographie.

Enfin nous doublons la Pointe du Traité, promontoire à l’aspect pittoresque, où fut signée la convention conclue entre le commodore Perry et les commissaires du Taïkoun ; et tout à coup, derrière ce promontoire, nous découvrons les quais et la ville de Yokohama, s’étendant sur une longue plage marécageuse, bordée au sud et à l’ouest par une enceinte de collines boisées.

Une vingtaine de bâtiments de guerre et de vaisseaux marchands, anglais, hollandais, français et américains, sont en pleine rade, à peu près en face du quartier franc, que l’on reconnaît à ses maisons blanches et à ses pavillons consulaires. Des jonques indigènes reposent à l’ancre à quelque distance des jetées du port et des magasins de la douane. Nous les dépassons lentement, à petite vapeur, et nous longeons la ville japonaise, dont toutes les maisons, excepté un certain nombre de magasins, sont construites en bois et paraissent n’avoir qu’un étage au-dessus du rez-de-chaussée.

Lorsque nous fûmes en face du quartier de Benten, situé à l’extrémité de la plage de Yokohama et à l’embouchure d’une large rivière, notre corvette fit choix d’un mouillage à proximité de la légation hollandaise.

C’était alors l’unique résidence européenne établie dans cette partie de la ville indigène. J’y débarquai le lendemain matin, et mon excellent hôte, M. de Polsbroek, consul-général des Pays-Bas, m’installa dans le corps de logis qu’il occupait lui-même.

La résidence hollandaise de Benten a été bâtie par le gouvernement japonais, qui a profité de l’occasion pour