Page:Le Tour du monde - 29.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les provisions pour la troupe consistaient en dhourra (Sorghum vulgare), froment, riz, lentilles.

Une pharmacie avait été composée avec le plus grand soin, d’après les meilleurs conseils.

Pour le transport des lourdes machines à travers désert, j’employai des affûts de canon, traînés chacun par deux chameaux. Les sections de fer des steamers et des canots de sauvetage furent suspendues à longues perches de sapin de Trieste disposées, entre deux chameaux, en forme de flèche. On consacra à cet usage plusieurs centaines de perches, qui plus tard furent utilisées, au quartier général, pour construire des magasins et diverses autres bâtisses.


Arrivée à Khartoum. — Déception. — Départ. — Fachoda. — Le confluent du Sobat.


En trente-deux jours, la partie de l’expédition qui accompagnait sir S. Baker franchit l’espace qui sépare Suez de Khartoum.

La situation de cette dernière ville, par suite de diverses circonstances et surtout de fautes administratives et d’excès d’impôts, était déplorable. Des milliers d’habitants l’avaient désertée. L’entreprise du khédive et de sir S. Baker, déjà connue, y était très-impopulaire, par la raison fort simple que c’était surtout la traite qui avait fait de tout temps la prospérité de Khartoum[1].


[image]
La flottille à son départ de Khartoum. — Gravure tirée de l’édition anglaise.


La première preuve de ces mauvaises dispositions unanimes fut que les ordres donnés depuis six mois pour les préparatifs du voyage, en navires et en provisions, n’avaient pas été exécutés. A la vérité, six steamers, quinze sloops et quinze dahabièhs qui devaient partir du Caire le 1O juin et remonter les cataractes du Nil jusqu’à Khartoum, n’étaient pas arrivés, le départ du Caire n’ayant eu lieu que le 29 août ; mais Giaffer-Pacha aurait dû tenir prêts trois steamers et vingt-cinq navires pour transporter seize cent cinquante hommes, des bêtes de somme et des approvisionnements ; rien n’était prêt. Le fait est qu’on ne croyait pas à l’expédition ou que l’on voulait la rendre impossible. Par suite de tous ces retards, volontaires ou non, l’expédition était incomplète, mutilée : elle n’était plus en mesure de profiter de la saison convenable ; la durée qui lui était assignée par le firman se trouvait enfin considérablement réduite. C’était plus qu’il n’en eût fallu pour décourager un autre homme que sir S. Baker. Il fit taire en lui tous les mécontentements, et, très-déterminé à ne pas renoncer à l’exécution du firman, il se mit vaillamment a l’œuvre. Il lui fallut déployer beaucoup d’activité pour l’équipement d’une flottille ; mais il y parvint, et trente-trois bâtiments de cinquante à soixante tonnes chacun furent calfatés,

  1. On sait ce qu’en a dit notre regretté collaborateur G. Lejean dans le Tour du Monde (voy. les tables) et dans la Revue des Deux Mondes.