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STANCES,


SVR LE SVIET DE


CET OEVVRE,



Au Sieur de Verville.


Es viuantes ardeurs des flames amoureuſes

Portent leurs mouuemens sur l’eſſence du beau.
Car la Beauté contraint les ames genereuſes
De prendre iour au raiz de l'amoureux flābeau.


Tout ce qu’Amour projette, & tout ce qu'il propoſe,
N’eſt peint que ſur l’object de la meſme Beauté,
Si quelque bel eſprit à l'honneur se diſpose
Son deſir est touſiours sur l'Amour Arreſté


Mais ce qu’on dit d’Amour n’eſt pas ce que l'on pēse.
Le commun n’entend pas ces belles notions,
Les eſprits serieux en gardent la ſcience,
Les autres vont au vent de leurs opinions.


Ceux qui touchez d’Amour à ſes graces aſpirent
Comme chers fauoris de la table des Dieux,
Ne ſont point attachez aux ſujets que deſirent
Ceux qui cerchent la terre & negligent les cieux


Ç’eſt ainſi que l'on voit les choſes plus parfaictes,
Que l'on cognoiſt l'Amour en ſes eſlancements,
Alors qu'en ce tranſport les ames ſont diſtraictes,
Par l'heureuſe douceur de leurs contentements.