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fortunez. Entreprise II.


que vous ayez aduancé quelqu’vn qui vous ayt aydé ou conſeillé en quelque action vicieuſe. Le Roy ayant par ces diſcours diuerſemēt manié le cœur de ce ieune Prince que la ſageſſe moderoit durant les combats que ces propos luy faiſoient, l’entendit ainſi reſpondre Monſieur, vous m’auez donné des enſeignemens qui ne doiuent iamais tomber de la memoire des Princes, & vous ayant ouy parler ſelon la puiſſance que vous auez ſur moy, ie me diſpoſe entierement à mon deuoir, qui me fait recognoiſtre qu il n’y a point de lumiere au monde égale à celle du Soleil, & qu’vn poil de la paupiere de l’œil eſt moindre que le ſourcil : ce qu eſtāt cōſideré, on doit touſiours s’arreſter à ce qui eſt plus grand pour ſe cōtenir en ſes termes. Ie ne ſeray iamais ſi temeraire de preſumer qu’ē voſtre preſence ie puiſſe eſtre capable d’aucun commādement ſouuerain, vous eſtes le Soleil de vottre Royaume, & le ſourcil de l’œil qui veille ſur vos peuples, & pourtant cognoiſſant l’heur que nous auons tous de voſtre preſence & grandeur, ie ſupplie auec tous vos ſuiects le Souuerain, qu’il luy plaiſe vous raſſaſier de iours, continuant voſtre bonne vie, meſmes au delà de la mienne, fut-elle autant aduancee que celle des plus anciens. Et ie vous ſupplie treſ-humblement me pardonner, ſi ie ſemble perdre l’aſſeurance, vous oyant entrer pour moy en des conditions qui me ſont inſuportables, par donnez, s’il vous plaiſt, à mon deffault, & ayez agreable que ie viue en l’obeiſſance treſ humble que ie vous doy, ſans que i’accepte ceſte charge, à laquelle ie n’oferois meſme


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