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Le uoyage des Princes


Deſlors mon ame fut en Éſcho conuertie,
Pour me dire touſiours ceſte voix de bon heur,
Et tous mesſens changeK en eternelle ouye,
Vous oyent proferer ce mot de ſeruiteur.
Ce doux 8ſcho n’eſt point dans vn antre ſtupide,
Il eſt dedans vnfeu parvous ſeule excité,
Au centre de mon cœur où voſtre nom reſide,
Pour y entretenir mafoy de verité.
Ainſi ie fu eſpris, ainſi i’attiſe encor
Les feux qui dans mon cœur, eternels dureront,
Et ces beaux feux croiſans, maiſtreſſe que i’honore,
De mon ame iamais ne ſe departiront.
Mes feux ſeront pourtant voileX de modeſtie,
Ainſi qu’vn feu couuert ſe couuant doucement,
Une flame euantee eſt toſt euanouye,
L’ardeur quel’on retient dure plus longuement.
Cependant tout ardent d’vne amour vertueuſe,
Sans changer de deſirs tout à vou ieſeray,
Et pour continuer ceſtefortune heureuſe,
Autre nom que le voſtre en mon cœur ie n’auray.

Nous auons pluſieurs fois remarqué, qu’il n’y a rien d’egal à la beauté de l’enfance d’Amour, qui ſ’extrauague en de petites naïuetez, leſ quelles ne plaiſent qu’aux paſſionnez & à ceux qui ſe reſſouuiennent de leurs erreurs amou reuſes. Les cœurs qui ſe remireront icy, y trouueront trop peu de circonſtances : Il eſt vray ; car nous les laiſſons couler de peur de nous enfiammer en nos propres feux, auſſi | · que nous auons enuie de paſſer viſtement pour § nous trouuer où le bon heur nous