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fortunez. Entreprise II.


Viuarambe qui de plus pres y prit garde, laiſſant ſon aiſné qui ſ’adreſſa au bon homme, & l’autre entretenoit ſes propres penſees, accoſta ceſte belle, laquelle ſe voyant bien rencontree, & penſant que celuy qui l’abordoit eſtoit quelque ſignalé du pays, ne fit point difficulté de receuoir ſa courtoiſie, & ſe laiſſa conduire par luy lequel apres quelques propos mutuels, cognoiſſant qu’elle auoit en l’ame quelque difficulté, luv dit, Belle il ſemble ou que vo° ſoyés fatiguee, ou que vous ayés aux cœur quelque grande detreſſe, elle luy reſpond il n’y a perſonne qui ne ſoit ſujette à l’affliction. Vivarambe. Les belles qui ſont vertueuſes, telle que ie vous eſtime, ſçauent bien deſtourner leurs ennuis ou les ſupporter. La Belle. Il eſt vray, quand il y a du remede, Vivar. Auez vous tel deſplaiſir qu’il n’y ait point moyen d’y remedier ? La Belle. Ie ſuis bien marrie que vous ayez auiſé mon humeur deſplaiſante, & ce m’eſt vne grande indiſcretion d’auoir paru de ſi peu de courage, & n’auoir peu bien diſſimuler, toutesfois puis que vous m’auez ſurpriſe & que ie vous penſe galant gentilhomme, & ſçachant qu’en ce royaume la liberté eſt la premiere loy, le vous diray librement, qu’à dire vray ie ſuis triſte. Vivaram. Comme la liberté eſt icy, auſſi il y a moyen d’y trouuer remede, & conſeil en affaires, parquoy n’ayez point de regret de vous en eſtre ouuerte à moy ; ains ouuertement racontez-moy ce qui vous preſſe, & poſſible par conſeil, artifice ou force, i’auray le moyen de vous deliurer de Peine. La Belle. A vous ouyr parler,


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