Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
fortunez. Entreprise I.


promptement à ce nouueau corps, mais tout d’vn coup ils s’arreſterent. Helas ! la pauurette n’auoit point premedité de remede à ſon mal inopiné eſtant priſe au deſpourueu, toutesfois par rencontre elle auoit auec ſoy le iuſte preſeruatif, & n’aurez point à deſplaisir d’en entendre le diſcours. Le ſouuerain plaiſir de ſes exercices eſtoit la chaſſe qu’eſperduement elle ſuiuoit : & pour ce, que ſouuent il lui auenoit en ſes courſes, de paſſer aupres de meſtairies, où il y auoit de grands maſtins qui la deſcouuroyent quand elle ſe proumenoit ou chaſſoit, & l’interrompoyent luy faiſans quelquefois perdre de belles occafions de priſes notables, dequoy elle s’en faſchoit, & eut bien voulu y mettre ordre ſans offenſer, ny les perſonnes ny les beſtes : parquoy elle en conſulta pluſieurs philoſophes, & eut beaucoup de peine, de ſçauoir vn moyen à ceſt effet, ce qui finalemët luy ſucceda par la rencontre d’vn vieil Hermite, qui habitoit en la foreſt reculee, lequel l’inſtruiſit de ce qu’elle deſira. Ce perſonnage ſe delectoit à voyager, & par rēcontre s’eſtant addreſſé chez le pere de Feriſtee, ſe mit à diſcourir de pluſieurs ſingularitez, la belle l’oyant parler pertinëment de beaucoup de ſecrets, lui cōmunica ſon affaire touchant les chiēs ; le bon hōme liberalemēt lui enſeigna ce qu’elle ſouhaitoit : En ſa preſence il prit vne petite baſſete qui auoit eſté couuerte, & au point meſme que l’on prēd les lices pour les clorre l’ayāt ouuerte induſtrieuſemēt de la matrice auec grande prudēce la mëbrane, commune aux deux ſexes, & ſ’ayant leuee delicatemēt, en referma ſoigneuſemēt le lieu, afin que l’animal ſur-