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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

breuse du Jardin des Tuileries ; enfin, sa vue peut se reposer sur ce gai tableau : une jeune mère, assise au pied d’un arbre, un livre à la main, surveille les ébats d’un bambin s’escrimant après son cerceau ou sa balle. Enfin, voilà donc la vertu !

Tu n’y es pas, pauvre homme ! cette jeune personne t’attend, toi ou un autre, et le gamin, loué à une voisine ou à la concierge, est un rabatteur inconscient. La preuve : il t’a aperçu, et du plus loin qu’il le peut, il t’envoie son cerceau dans les jambes ; si tu es inattentif. tu risques de t’étaler, peu importe, tu as le cerceau ; le gosse, loin de venir le chercher — il a le mot d’ordre — s’est réfugié dans les bras de sa prétendue mère qui te regarde en souriant. Seras-tu malhonnête ! Ne remettras-tu pas le cerceau dans les mains du baby effarouché, avec un petit mot aimable à la mère ? Allons donc ! Vas-y, vas-y ; là, maintenant que la conversation est entamée, je te donne le temps et l’argent, moyennant quoi tu laisseras ta vertu de côté, et l’argent aux mains de la dame.

Ce petit tableau est si peu exact qu’à de certains moments les vraies mères sont fort empêchées de trouver un coin propre pour pouvoir faire un peu respirer l’air à leurs bébés, bien à elles, ceux-là.

Nous avons encore le coup de l’enfant, à l’usage des amateurs de fruits verts : c’est une fille de seize à dix-huit ans, en paraissant à peine quatorze, qu’on loue très cher aux amateurs, en leur garantissant, non sur facture — ces dames n’en donnant pas — une virginité, déjà loin, hélas !