Page:Le bon sens ou Idées naturelles opposées aux idées surnaturelles - 1772.pdf/37

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les corps sont sur nous , que nous les sentons ; que nous en avons des perceptions & des idées ; que nous les distinguons les uns des autres ; que nous leur assignons des propriétés. Or pour apperçevoir ou sentir un objet, il saut que cet objet agisse sur nos organes ; cet objet ne peut agir sur nous, sans exciter quelque mouvement en nous ; il ne peut produire ce mouvement en nous s’il n’est en mouvement lui-même. Dès que je vois un objet , il saut que mes yeux en soient frappés : je ne puis concevoir la lumiere & la vision , sans un mouvement dans le corps lumineux , étendu , coloré qui se communique à mon œil ou qui agit sur ma rétine. Dès que je flaire un corps, il saut que mon odorat soit irrité ou mis en mouvement par les parties qui s’exhalent d’un corps odorant. Dès que j’entends un son, il saut que le tympan de mou oreille soit srappé de l’air mis en mouvement par un corps sonore qui n’agiroit point s’il n’étoit mû lui-même. D’où il suit évidemment que sans mouvement je nè puis ni sentir, ni apperçevoir, ni distinguer, ni comparer, ni juger les corps, ni même occuper, ma pensée d’une matiere quelconque.

On dit dans l’éeole que[1] l’essence d’un être ce d’où découlent toutes les propriétés de l’être. Or il est évident que toutes les propriétés des corps ou des matieres dont nous

  1. Essentia est quid prinum in re, sons & radix omnium rei proyritatttm.