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Page:Le conseiller des femmes, 1 - 1833.pdf/6

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Le défaut d’harmonie entre les femmes sera toujours fatal à leurs progrès. Pourquoi leur règne est-il de si courte durée ? C’est qu’il n’a pour base qu’un sentiment éphémère, une passion d’homme, folle et capricieuse comme tous les désirs humains.

Tout le monde connaît ce mot d’une femme célèbre : « L’amour n’est qu’un épisode dans la vie de l’homme ; c’est la vie entière de la femme. » et nous pourrions ajouter que lorsque la femme moissonnera dans le champ que l’homme s’est exclusivement réservé ; lorsque, par exemple, elle abordera sérieusement la science, qu’elle cultivera tous les arts ; lorsque, avec plus de liberté, elle aura, comme l’homme, mille intérêts divers pour occuper son imagination active ; lorsqu’elle ne se fera plus gloire de son asservissement, en lançant l’épigramme sur celles qui osent élever leur pensée au-delà du pot-au-feu et de la tapisserie ; lorsque les femmes auront échangé leur existence de colifichets contre une existence composée d’élémens plus solides ; lorsqu’elles seront plus instruites enfin, l’amour aussi ne sera plus qu’un épisode dans leur vie ; elles ne traîneront plus une existence aussi décolorée que flétrie, après la perte inévitable des illusions du jeune âge ; et l’on ne dira plus que, pour rester pure, la femme a besoin d’être asservie. Lorsque, avec plus de lumières, elle aura acquis plus de liberté, le crime de la séduction sera moins répandu, il fera moins de victimes et les mœurs y gagneront ; car, plus la femme sera éclairée, mieux elle saura se défendre ; qu’une juste indignation lui donne le courage d’imprimer un sceau d’infamie sur le front du méprisable Lovelace, de l’immoral don Juan, véritables types de tant d’hommes du monde qui ne marchent, la tête si haute, dans le vice, que parce qu’ils se sont réservé