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LE DERNIER

dans un trou peu profond, mais déjà rempli d’eau. Sa tête y fut un moment plongée, et il perdit connaissance ; mais on vint aussitôt à son secours. Trois soldats le relevèrent, et, le portant hors de la caverne, le déposèrent sur la rive herbeuse. Bientôt il revint à lui-même, et se frotta quelque-temps les yeux, comme après un long sommeil. Puis se sentant rassuré par la présence du légat, il voulut lui expliquer la cause réelle de son accident. « J’ai vu, » lui dit-il, « bien distinctement le démon que vos exorcismes ont mis en fuite ; je l’ai reconnu à sa peau noire, aux cornes qui hérissaient son front, à sa queue de couleuvre, à ses ailes de chauve-souris. En prenant son vol vers les antres souterrains, il est passé auprès de moi et m’a poussé dans un gouffre d’eau glacée. »

Les guerriers croisés ne mirent point en doute la vérité de ce récit ; mais on a dit que l’italien Thédise avait attribué la vision de ce moine à son imagination exaltée par la frayeur.