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LE DERNIER.

ble dans l’asyle des muses les charmes d’un honorable délassement.

Muses qui avez bercé ma jeunesse et semé de fleurs les sentiers scabreux où elle fut engagée, j’ai déposé mes armes dans votre temple, non pour chercher un repos ignoble, mais pour me livrer sans réserve à vos saintes inspirations.

Je veux recommencer sous vos auspices, et porté sur vos ailes vagabondes, le pèlerinage d’une vie aventureuse. Inspirez-moi, guidez-moi dans cette course rétrograde où vont errer mes souvenirs. Faites-moi revoir, et colorez de vos teintes magiques ces plaines où j’ai reçu le jour, ces montagnes qui ont été le théâtre des jeux de mon enfance, ces combats, ces amours et ce mélange de fraudes et de misères humaines dont je fus le témoin,

D’autres raconteront froidement et avec méthode les évènemens de cette fatale époque où les malheurs des princes égalèrent les souffrances des peuples. Moi, faible et léger trouveur, je ne puis qu’essayer des chants variés, inégaux, entrecoupés, et sui-