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LE DERNIER

profond succéda au bruit de toutes les voix confuses, dès qu’on vit paraître sur ce théâtre un homme vénérable dont les cheveux grisonnans étaient étalés sur le manteau noir qui lui servait de vêtement unique, et qui fit bientôt entendre une voix forte et sonore.

Après avoir prononcé quelques oraisons, il donna le signal de la prière publique, et les voix des hommes rustiques, qui alternaient avec la sienne, récitèrent plusieurs pseaumes traduits en langue vulgaire.

Enfin, s’étant recueilli pendant quelque temps, il prononça un discours sur les persécutions infligées aux véritables chrétiens par les faux interprètes et les profanateurs de l’évangile d’un Dieu de paix ; peignant en traits de feu toutes les iniquités commises par l’armée des croisés, rappelant les promesses données et violées par les légats, le massacre des habitans de Béziers, sans distinction de sexe, d’âge, ou même de croyance, les bûchers partout allumés sur le passage de ces meurtriers, la spoliation