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DES TRENCAVELS.

puis que je te possède. — Ces vallées, ces forêts, ces horizons diversement colorés, ce soleil éclatant, ne me semblent créés que pour embellir la demeure de l’épouse à qui je rapporte tout ce que je vois, tout ce que je sens, tout ce que je suis. »

Cécile, essuyant ses pleurs, répondit à Adon : « Je crois éprouver tout ce que tu éprouves : mais une terreur secrète s’est emparée de moi ; nos cœurs sont innocens et je ne sais si notre vie est sans reproche. D’où est venu ce changement soudain qui s’est fait en nous ? Tous les enseignemens qui ne viennent pas de nos parens, ou des ministres de la religion, ne peuvent venir que d’une source suspecte et trompeuse. Je crains que le démon n’ait lui-même préparé ces voluptés pour nous faire entrer dans la voie ténébreuse du péché, comme il y conduisit nos premiers pères. »

« Oui, » dit Adon, « et tu me rappelles le refrain d’un chant célèbre du vieux troubadour Gévaudan(1). »

« Que dit ce refrain ? » demanda Cécile.