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LE DERNIER

père de trois enfans, il fut tout d’un coup, ou feignit d’être appelé par la volonté divine à la vie pénitente ; qu’il conduisit Béatrix dans un cloître, et entra lui-même dans le couvent de Toronet, où son front fut ceint quelques mois après d’une mitre abbatiale, qu’il quitta ensuite pour celle de l’épiscopat. Ce fut pendant le dernier voyage que je fis à Montpellier, que ce projet fut conçu et exécuté. Il n’avais pu m’accompagner ; j’étais seule avec Ermessinde : nous assistâmes, Béatrix et moi, aux derniers momens d’une mère chérie, et nos larmes mouillèrent ses yeux éteints. Nous reçûmes ses dernières paroles : « Aimez-vous, » nous dit-elle, « et soyez fidèles l’une à l’autre. » — Quand nous eûmes subi les premières angoisses de la douleur, et quand le travail lent des jours et des nuits eut préparé nos esprits à admettre d’autres pensées, Béatrix me dit : « Je ne sais si ma mère a prévu que j’aurais sitôt besoin de tes soins. Je pressens que ma fin est prochaine, et je