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LE DERNIER

Dès qu’il eut regagné sa chambre et se trouva seul, un torrent de larmes vint inonder ses yeux, et il s’assit en gémissant.

Adon aimait Cécile sans trop savoir ce que c’était qu’aimer. Il s’ignorait lui-même ; la voir, l’entendre, prier pour elle et avec elle ; faire d’après ses conseils l’emploi de ses momens ; telles étaient ses habitudes. Il n’avait songé à rien de ce qui pouvait être au-delà. Mais cette pensée soudaine qu’il fallait quitter Cécile bouleversa tout son être ; le secret de son cœur lui fut révélé, et ses yeux furent dessillés.

Il voulut recourir à la prière, et la prière expira sur ses lèvres. Il essaya de s’exciter à la vie des combats en répétant avec sa viole quelques chants guerriers ; mais les cordes de l’instrument ne rendaient que des sons de douleur et d’amour.

« Insensé, » se disait-il, « tu croyais ton âme possédée de l’amour de Dieu et tes pensées dirigées vers le ciel. Ce Dieu, c’est le Dieu de Cécile ; ce ciel, c’est le lieu qu’elle embellit de sa présence ; c’est l’air qu’elle