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DES TRENCAVELS.

se plaît à épancher et à retenir, selon son caprice, les eaux de son urne intarissable(2).

En se tournant vers le midi, Adon voyait l’Ariège serpenter, couvert d’écume, à travers une vallée riante et fertile, et plusieurs torrens qui lui portent le tribut de leurs eaux descendre, comme elle, d’une haute ceinture de montagnes neigées, qui séparent le comté de Foix de la Cerdagne, de l’Andorre et de la contrée Paillarèse(3).

Pendant qu’il admirait ces objets le soleil était sur son déclin ; le jeune pèlerin vit son flambeau s’éteindre par degrés dans un horizon sans bornes, qui se confondait avec l’Océan. Jusqu’alors le spectacle de la nature n’avait produit sur Adon que des impressions peu profondes et fugitives. Ici, il tomba dans une véritable extase, ses genoux se plièrent, et la surprise le rendit immobile pendant quelques instans. Bientôt il sentit qu’il manquait quelque chose à ce tableau(4) ; c’était