Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais j’apprends par le jeune Fonseca que la plupart passent leurs nuits à jouer. Comme ils appareillent dès l’aube, il arrive que navigant par mer calme ils s’assoupissent. C’est ainsi qu’une jonque armée pourtant d’un canon a été prise la veille sans effusion de sang. Les pirates n’eurent point à massacrer l’équipage qui ronflait : ils se bornèrent à faire passer les marins par dessus bord, ce qui eut pour résultat de les réveiller avant que de les faire dormir pour toujours.

Chaque nuit, appliquée, Macao s’amuse. Le plaisir est son métier. Restaurants, maisons de jeux, dancings, maisons de tolérance, fumeries se succèdent porte à porte. Les gens y affluent, voisinent, entrent, sortent dans un va-et-vient de fourmis. Deux établissements modernes dont l’un possède un cinéma écrasent de leur ampleur la concurrence des petites boîtes sordides. Possédant plusieurs étages, on y trouve tout à la fois une salle de jeux, un restaurant, un cabaret, un dancing. On dort et fume à tous les étages. Tout cela offre d’ailleurs un aspect débraillé et fort sale, ce que M. da Fonseca traduit par ces mots : « N’est-ce pas que c’est bon enfant ? »