Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/96

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les sont jonquille, safran, parfois d’un or blond attestant qu’à travers les siècles leurs possesseurs impériaux furent les Lords du sol et des moissons. Ainsi groupé, ce troupeau de palais offre un grand air nomade. J’ai survolé hier Pékin en avion. J’ai encore dans les yeux ses prodigieuses perspectives, ses avenues triomphales et les lacs miroitants du Pei-Haï où les lotus fermés percent déjà l’eau bleue de leurs verts calices prometteurs.

Si j’avance sur le balcon, je vois les joueurs de polo. J’ai fait leur connaissance mais refusé leurs invitations, prisonnier de mes devoirs d’explorateur. Grâce à mes jumelles, je reconnais certains camarades. Chaque foulée de leurs poneys sur le ground poussiéreux soulève un nuage ocre. Voici le capitaine X…, un Anglais, le major Z…, un Américain, un lieutenant italien, un attaché à la légation du Brésil, deux jeunes directeurs de banques. Plusieurs d’entre eux n’ont jamais vu d’autres temples que ceux loués ou achetés par des Européens et qui servent aux villégiatures ou au week-end, mais peut-être en savent-ils plus sur Pékin que moi qui n’ai admiré que ses chefs-d’œuvre.