Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 1, trad Mardrus, 1918.djvu/127

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savent tenir une promesse les meilleurs des humains.

Chez moi le secret est enfermé dans une maison aux solides cadenas dont la clef est perdue et la porte scellée ! »

En entendant les vers du portefaix, et toutes les strophes qu’il leur récita et ses créations de rythmes, elles s’adoucirent beaucoup ; mais, pour faire semblant seulement, elles lui dirent : « Tu sais, ô portefaix, que nous avons dépensé pour ce palais une très forte somme d’argent. As-tu donc sur toi de quoi nous en dédommager ? Car nous ne t’inviterons à t’asseoir avec nous qu’à la condition, pour toi, de dépenser de l’or. Ton désir n’est-il pas de rester chez nous, de devenir notre compagnon de boisson, et surtout de nous faire veiller toute la nuit jusqu’à l’apparition de l’aurore sur nos visages ? » Puis l’aînée des jeunes filles, maîtresse de la maison, ajouta : « Un amour sans argent ne peut, dans le plateau de la balance, servir de bon contre-poids ! » Et la portière dit : « Si tu n’as rien, va-t’en sans rien ! » Mais, à ce moment, la pourvoyeuse intervint, et elle dit : « Ô mes sœurs, cessons ! car, par Allah ! ce garçon n’a en rien diminué notre journée ! D’ailleurs, aurait-il été un autre qu’il n’aurait pas eu cette patience à notre égard. D’ailleurs, tout ce qui lui reviendra comme dépense, je me charge de le payer à sa place. »

Alors le portefaix se réjouit extrêmement et dit à la pourvoyeuse : « Par Allah ! le premier gain de la journée, c’est à toi seule que je le dois ! » Alors toutes les trois lui dirent : « Ô brave portefaix, reste