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les mille nuits et une nuit

guerrières ; mais il préférait, et de beaucoup, à toutes choses la causerie avec les gens délicieux et les personnes de choix, et donnait près de lui, dans les festins, la place d’honneur aux poètes et aux conteurs. Bien plus ! quand un étranger, après avoir accepté son hospitalité, et éprouvé les effets de ses largesses et de sa générosité, lui narrait quelque conte encore inconnu ou quelque belle histoire, le roi Kendamir le comblait de faveurs et de bienfaits, et ne le renvoyait dans son pays qu’une fois satisfaits ses moindres désirs, et il le faisait accompagner durant tout le voyage par un cortège splendide de cavaliers et d’esclaves à ses ordres. Quant à ses conteurs habituels et à ses poètes, il les traitait avec les mêmes égards que ses vizirs et ses émirs. Et, de cette façon, le palais était devenu la demeure chérie de tous ceux qui savaient construire des vers, ordonner des odes ou faire revivre par la parole les passés abolis et les choses mortes.

Aussi, il ne faut point s’étonner que le roi Kendamir, au bout d’un certain temps, eût entendu tous les contes connus des Arabes, des Persans et des Indiens, et les eût conservés dans sa mémoire avec les passages les plus beaux des poètes et les enseignements des annalistes versés dans l’étude des peuples anciens. Si bien, qu’après avoir récapitulé tout ce qu’il savait, il ne lui resta plus rien à apprendre et plus rien à écouter.

Quand il se vit dans cet état, il fut pris d’une tristesse extrême et plongé dans une grande perplexité ! Alors, ne sachant plus comment occuper ses loisirs habituels, il se tourna vers son chef eunuque et lui