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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/258

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les mille nuits et une nuit

aussitôt s’asseoir à côté d’elle, le turban défait, le visage allongé et le mouchoir sur les yeux.

Or au même moment entra Massrour. Et, à la vue de Canne-à-Sucre ensevelie au milieu de la pièce et d’Aboul-Hassân plongé dans le désespoir, il ne put s’empêcher de s’émouvoir et il prononça : « Il n’y a d’autre dieu qu’Allah ! Mon affliction sur toi est bien grande, ô pauvre Canne-à-Sucre, notre sœur, ô toi jadis si gentille et si douce ! Comme ta destinée est douloureuse pour nous tous ! Et qu’il a été rapide pour toi l’ordre du retour vers Celui qui t’a créée ! Puisses-tu du moins être prise en compassion et en bonnes grâces par le Rétributeur ! » Puis il embrassa Aboul-Hassân et, bien triste, se hâta de prendre congé de lui pour aller rendre compte au khalifat de ce qu’il avait contrôlé. Et il n’était point fâché de faire voir de la sorte à Sett Zobéida combien elle avait été opiniâtre et fautive en contredisant le khalifat.

Il entra donc chez Sett Zobéida et, après avoir embrassé la terre, dit : « Qu’Allah prolonge la vie de notre maîtresse ! La défunte est ensevelie au milieu de la chambre, et son corps est déjà gonflé sous le linceul, et elle sent mauvais ! Quant au pauvre Aboul-Hassân, je crois bien qu’il ne survivra pas à son épouse ! »

À ces paroles de Massrour, le khalifat se dilata d’aise et exulta de contentement ; puis, se tournant vers Sett Zobéida, devenue bien jaune de teint, il lui dit : « Ô fille de l’oncle, qu’attends-tu pour faire appeler le scribe qui doit écrire en mon nom le pavillon des peintures ? » Mais Sett Zobéida se mit