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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/269

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LES AMOURS DE ZEIN AL-MAWASSIF


Il m’est revenu, ô Roi fortuné, qu’il y avait, dans les âges et les années d’il y a très longtemps, un tout à fait bel adolescent qui s’appelait Anis, et qui, certainement, était le plus riche, le plus généreux, le plus délicat, le plus excellent et le plus délicieux adolescent de son temps. Et comme, en outre, il aimait tout ce qui est aimable sur la terre, les femmes, les amis, la bonne chère, la poésie, la musique, les parfums, la verdure, les belles eaux, les promenades et tous les plaisirs, il vivait dans l’épanouissement de la vie bienheureuse.

Or, une après-midi, le bel Anis faisait une agréable sieste, selon son habitude, couché sous un caroubier de son jardin. Et il eut un rêve où il se voyait jouer et se plaire avec quatre beaux oiseaux et une colombe d’une blancheur éblouissante. Et son plaisir devenait intense de les caresser, de lisser leur plumage et de les embrasser, quand soudain un vilain gros corbeau bondit, le bec menaçant, sur la colombe et l’enleva, en dispersant les quatre gentils