Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
les amours de zein al-mawassif
277

Mawassif avait le bras autour de son cou et le caressait gentiment, il improvisa cette ode sublime :

« Levez-vous pour écouter l’histoire d’une jouvencelle de quatorze ans et quart, que je rencontrai dans un paradis, plus belle que toutes les lunes dans le ciel d’Allah !

Elle se balançait, gazelle, dans le jardin, et les rameaux flexibles des arbres s’inclinaient vers elle, et les oiseaux la chantaient.

Et j’apparus et je lui dis : « Le salam sur toi, ô soyeuse de joues, ô souveraine ! Dis-moi, que je le sache, le nom de celle dont les regards causent ma folie ! »

D’un accent plus doux que le bruit des perles dans la coupe, elle me dit : « Ne pourrais-tu tout seul trouver mon nom ? Sont-elles donc si cachées mes qualités, que mon visage ne puisse les refléter à tes yeux ? »

Je répondis : « Non, certes ! Non, certes ! Tu t’appelles, sans aucun doute, Ornement des Qualités ! Fais-moi l’aumône, ô Ornement des Qualités[1].

Et en retour, ô jouvencelle, voici du musc, voici de l’ambre, voici des perles, voici de l’or et des bijoux et toutes les gemmes et les soieries ! »

Alors l’éclair de son sourire brilla sur ses jeunes dents, et elle me dit : « Me voici donc ! Me voici, mon œil chéri ! »

Extases de mon âme, ô sa ceinture dénouée, ô sa chemise apparue, ô sa chair mise à nu, ô diamants ! Assouvissement de mes désirs ! Émanations d’elle lors

  1. Zein Al-Mawassif, signifie Ornement des Qualités.