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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/31

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les aventures de hassân al-bassri
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mains et s’écria, terrifiée : « Il n’y a d’autre dieu qu’Allah, et il n’y a de force et de puissance qu’en Allah ! Qu’as-tu fait, ô mon fils, avec ce Persan versé dans l’alchimie ? » Mais Hassân répondit : « Justement, ô mère, ce vénérable savant est en train de m’instruire dans l’alchimie ! Et il a commencé par me faire voir comment on change un vil métal en l’or le plus pur ! » Et, sans plus faire attention aux objurgations de sa mère, Hassân prit, dans la cuisine, le grand mortier en cuivre où sa mère pilait l’ail et l’ognon et confectionnait les boulettes de blé concassé, et courut à sa boutique retrouver le Persan qui l’y attendait. Et il posa par terre le mortier en cuivre, et se mit à activer le feu. Et le Persan lui demanda : « Que veux-tu donc faire, ya Hassân ? » Il répondit : « Je voudrais transmuer en or le mortier de ma mère ! » Et le Persan éclata de rire et dit : « Tu es un insensé, Hassân, de vouloir te montrer deux fois dans la même journée au souk, avec des lingots d’or, pour éveiller de la sorte les soupçons des marchands, qui devineront que nous nous occupons d’alchimie, et attirer sur notre tête une bien fâcheuse affaire ! » Hassân répondit : « Tu as raison ! mais je voudrais tellement apprendre de toi le secret de la science ! » Et la Persan se mit à rire encore plus fort que la première fois, et dit : « Tu es un insensé, Hassân, de croire que la science et les secrets de la science s’apprennent comme ça, en pleine rue ou sur les places publiques, et qu’on peut faire son apprentissage au milieu du souk, sous l’œil de la police ! Mais, si vraiment, ya Hassân, tu as le ferme désir de t’instruire sérieusement, tu