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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/261

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aladdin et la lampe magique
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allaient d’un bout de la rue à l’autre bout, et que tous les boutiquiers, les acheteurs et les gens du souk, les riches comme les pauvres, faisaient de grandes démonstrations de joie, et que toutes les rues étaient encombrées de fonctionnaires du palais, richement vêtus de leurs brocarts de cérémonie et montés sur des chevaux harnachés merveilleusement, et que tout le monde allait et venait avec une animation inaccoutumée. Aussi s’empressa-t-elle de demander au marchand d’huile, chez qui elle faisait ses provisions, quelle fête inconnue d’elle célébrait toute cette foule réjouie, et ce que signifiaient toutes ces démonstrations. Et le marchand d’huile, extrêmement formalisé d’une telle question, la regarda de travers, et répondit : « Par Allah ! on dirait que tu te moques ! Ou serais-tu une étrangère pour ignorer de la sorte le mariage du fils du grand-vizir avec la princesse Badrou’l-Boudour, fille du sultan ? Et c’est justement l’heure où elle va sortir du hammam ! Et tous ces cavaliers richement vêtus d’habits d’or sont les gardes qui vont former son escorte jusqu’au palais ! »

Lorsque la mère d’Aladdin eut entendu ces paroles du marchand d’huile, elle ne voulut pas en apprendre davantage et, affolée et éplorée, elle se mit à courir à travers les souks, oubliant ses achats chez les marchands, et arriva à sa maison, où elle entra, et se jeta, hors d’haleine, sur le divan, où elle resta un moment sans pouvoir prononcer une parole. Et lorsqu’elle put parler, elle dit à Aladdin accouru : « Ah ! mon enfant, la destinée a tourné vers toi la page néfaste de son livre ! et voici que tout est