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les mille nuits et une nuit

tre main, une bourse de mille dinars ! » Et l’esclave exécuta l’ordre. Et le crieur, laissant le tapis au prince Ali, lui dit : « Bonne acquisition, ô mon maître ! » et s’en alla en sa voie.

Quant au prince Ali, devenu de la sorte le possesseur du tapis enchanté, il fut à la limite de la satisfaction et de la joie, en songeant qu’il avait trouvé une rareté si extraordinaire dès son arrivée dans cette ville et ce royaume de Bischangar. Et il s’écria : « Maschallah ! Ahhamdou lillah ! Voici que j’ai atteint sans peine le but de mon voyage ; et je ne doute pas maintenant du gain sur mes frères ! Et c’est moi qui deviendrai l’époux de la fille de mon oncle, la princesse Nourennahar ! Et puis, qu’elle ne sera pas la joie de mon père et l’étonnement de mes frères, quand je leur aurai fait constater ce que peut faire d’extraordinaire ce tapis vertueux ! Car il est impossible que mes frères, quelque favorable que soit leur destin, réussissent à trouver un objet qui de près ou de loin puisse être comparé à celui-ci ! » Et, pensant ainsi, il se dit : « Mais, au fait, si je partais tout de suite pour mon pays, maintenant que pour moi la distance ne compte pas ? » Puis, réflexion faite, il se souvint du délai d’un an dont il avait convenu avec ses-frères, et comprit que s’il partait à l’instant il risquerait de les attendre trop longtemps dans le khân des trois chemins, lieu du rendez-vous. Et il se dit : « Attendre pour attendre, je préfère passer le temps ici que dans le khân désert des trois chemins. Je vais donc me distraire dans ce pays admirable, et en même temps m’instruire de ce que je ne connais pas. » Et, dès le lendemain, il reprit ses visites aux