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les mille nuits et une nuit

Khaled ! » Et le khalifat descendit aussitôt de cheval, après avoir mis fin au tournoi, et assembla ses émirs et tous les cavaliers qui avaient pris part au jeu ; puis il appela le jeune Aslân, et devant toute l’assistance, il lui dit : « Ô valeureux fils du wali de Baghdad, je veux t’entendre toi-même estimer la récompense que mérite un exploit pareil au tien ! Je suis prêt à accéder à toutes tes demandes. Parle ! »

Alors le jeune Aslân embrassa la terre entre les mains du khalifat et dit : « Je demande au commandeur des Croyants la vengeance ! Le sang de mon père n’a pas encore été racheté, et le meurtrier est vivant ! »

À ces paroles, le khalifat fut à la limite de l’étonnement et s’écria : « Que parles-tu, ô Aslân, de venger ton père ? Mais ton père, l’émir Khaled, le voici à mes côtés, bien vivant, grâces en soient rendues à Allah ! » Mais Grain-de-Beauté répondit : « Ô commandeur des Croyants, l’émir Khaled a été pour moi le meilleur des pères adoptifs. Sache, en effet, que je ne suis point son fils par le sang, car mon père est ton ancien commandant du palais, Grain-de-Beauté ! »

Lorsque le khalifat eut entendu ces paroles, il vit la lumière se changer en ténèbres devant ses yeux, et, d’une voix altérée, il dit : « Mon fils, ne sais-tu donc que ton père a été traître à l’égard du commandeur des Croyants ? » Mais Aslân s’écria : « Qu’Allah préserve mon père d’avoir été l’auteur de la trahison ! Le traître est à ta gauche, ô émir des Croyants ! C’est le chef de la police, Ahmad-la-Teigne ! Fais-le fouiller et tu trouveras dans sa poche la preuve de la trahison ! »