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Page:Le mécanisme du toucher, Marie Jaëll.pdf/151

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pas très avancée, les qualités acquises disparaissent dès qu’ils perdent cet appui puissant : l’immobilité.

C’est certainement en développant la conscience des fonctions motrices par l’exercice de l’immobilité que la mémoire musicale est le plus susceptible d’être cultivée. À ce propos il est à remarquer que le moulage de la surface interne du crâne de J.-S. Bach a permis à M. Fleschsig de constater le développement prédominant de la partie du cerveau où se localisent les représentations mentales des sensations musculaires des mouvements des bras et des mains. Le savant a même soulevé la question de savoir si, en dehors des organes finement développés de l’ouïe, la base des capacités musicales de J.-S. Bach ne dérivait pas d’un sens musculaire extraordinairement développé et de la faculté de réunir les représentations visuelles des notes avec les représentations des mouvements[1].

Il nous est arrivé de nous souvenir tout à coup d’une œuvre que nous n’avions jamais su par cœur parce que, sans travail préalable aucun, nous adaptions des mouvements mieux diversifiés à son exécution. Cette amélioration des mouvements ayant rendu la sonorité plus harmonieuse, la diversification des tonalités, des modulations, se présentait à la mémoire avec une facilité surprenante.

Nous agissons donc sur la mémoire à la fois par la dissociation des mouvements et par l’harmonie de la

  1. Allgemeine Musikzeitung, juin 1893.