Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/159

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Me Labori. — M. Gribelin pourrait-il nous faire connaître ce qu’il sait des faits qui sont consignés dans le rapport de M. le commandant Ravary et qui ont trait à M. Leblois ?

M. le Président. — Vous entendez la question, pouvez vous y répondre ?

M. Gribelin. — Parfaitement. J’ai vu M. Leblois à plusieurs reprises au ministère de la guerre, dans le bureau de M. le colonel Picquart ; il y venait très souvent. Je l’ai vu notamment une certaine fois où mon attention a été appelée plus spécialement : c’était au mois de novembre ou vers le mois de novembre ; en tout cas, la lampe était allumée. Il y avait devant le colonel Picquart un dossier secret concernant le service des pigeons voyageurs ; puis il y avait, à gauche du colonel Picquart, par conséquent juste devant M. Leblois, un autre dossier secret sous enveloppe, mais sous enveloppe ouverte : l’enveloppe avait été coupée.

Me Labori. — Je serais très désireux que M. Leblois fût appelé pour être confronté avec M. Gribelin... Cependant, je voudrais d’abord poser une question au témoin. Est-ce que M. Gribelin a toujours dit que c’était en novembre 1896 qu’il avait vu M. Leblois ?

M. Gribelin. — J’ai toujours dit que je l’avais vu à une date que je ne pouvais préciser, mais que c’était vers six heures ou six heures et demie du soir.

M. le Président. — A quelle date ?

M. Gribelin. — Je ne puis préciser exactement ; ce devait être en octobre ; il était six heures ou six heures et demie du soir, la lampe était allumée et j’allais sortir du bureau.

Me Labori. — Le témoin ne se rappelle-t-il pas avoir dit que c’était au mois de septembre ou au mois d’octobre ?

M. le Président. — Vous rappelez- vous cela ?

M. Gribelin. — Je n’ai jamais dit autre chose que ce que je viens de dire ici : je ne me rappelle pas la date exacte, mais je répète que la lampe était allumée. J’allais partir du bureau : cela ne pouvait donc être que tard en saison.

Me Labori. — Quel était le dossier qui était entre les mains de ces messieurs ?

M. le Président. — Le témoin vient de le dire ; il a dit qu'il y avait un dossier concernant les pigeons voyageurs.

Me Labori, — Mais l’autre ?

M. Gribelin. — C’était un dossier secret : je l’ai reconnu parce que c’était moi qui l’avais remis au mois d’août à M. le colonel Picquart ; je l’ai reconnu à cause de son enveloppe.

Me Labori. — En quoi se distinguait-elle, cette enveloppe ?

M. Gribelin. — C’était une enveloppe en papier bulle, au dos de laquelle le colonel Henry avait mis son paraphe.

Me Labori. — Etait-ce la seule où M. le colonel Henry avait mis son paraphe ?

M. Gribelin. — Parfaitement.

Me Labori. — Mais pourquoi avait-il mis son paraphe ?