Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/267

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M. le général de Pellieux. — La lettre n’était qu’une copie d’une lettre originale ; il en a reconnu le style et a reconnu l’avoir reçue. Cette lettre était simplement une copie d’une lettre reçue par lui.

M. le Président. — Avez- vous vu cette copie ?

M. le général de Pellieux. — Je l’ai vue.

M. le Président. — Que contenait-elle ? Pouvez-vous vous en rappeler quelques expressions ?

M. le général de Pellieux. — Je me rappelle quelques expressions. Elle commençait ainsi : « Enfin le grand œuvre est terminé et Cagliostro est devenu Robert-Houdin... » Et à la fin de la lettre, il y avait cette phrase : « Tous les jours, le Demi-Dieu demande s’il ne peut pas vous voir. » Voilà les points importants de cette lettre.

M. le Président. — Est-ce que la même expression de Demi-Dieu ou de Bon Dieu n’était pas contenue dans la troisième lettre de 1896 et le télégramme de 1897 ?

M. le général de Pellieux. — Parfaitement... J’ajouterai que, des papiers provenant de la saisie opérée chez le colonel Picquart, je n’ai retenu qu’une seule lettre signée Bianca que le colonel m’a dit être de Mlle Blanche de Comminges, et dans laquelle l’expression Bon Dieu était employée. C’est pour cela que j’ai retenu cette lettre, et c’est pour élucider la question des télégrammes, qu’on prétend ne pas avoir été étudiée.

M. le Président. — Le colonel Picquart a-t -il accusé immédiatement le commandant Esterhazy de deux faux, ou bien n’a-t-il pas accusé, avant le commandant, deux autres personnes ?

M. le général de Pellieux. — Dans sa première déposition, le colonel Picquart a accusé le commandant Esterhazy ; ce n’est que plus tard, dans ses dépositions successives, qu’il est revenu sur sa première accusation et a dit que c’étaient des amis du commandant Esterhazy ou d’antres personnes qui avaient commis ces faux.

M. le Président. — Il a renoncé à sa déclaration plus tard ?

M. le général de Pellieux. — Il n’a pas renoncé à accuser d’autres personnes d’avoir fait les faux, mais il a cessé d’accuser le commandant Esterhazy, et c’est quand je l’ai mis en présence de la certitude que j’avais acquise, par une enquête faite à la Préfecture de police, que le premier télégramme était de Souffrain, qu’il a dit : « Souffrain est un agent d’Esterhazy.» Je lui ai fait observer que Souffrain pouvait difficilement être un agent du commandant Esterhazy, parce que Souffrain était un agent de la Préfecture de police, révoqué ou renvoyé, et ne marchant guère que pour de l’argent ; or, le commandant Esterhazy ne semblait pas être dans une situation de fortune qui lui permît d’avoir des agents marchant pour de l’argent.

Il a déposé, paraît-il, une plainte contre Souffrain.

M. l’Avocat général. — De qui est la lettre signée G. ?

M. le général dePellieux. — De M. Germain Ducasse,