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LE VOL SANS BATTEMENT

Étant donné l’état d’esprit des hommes qui représentaient à cette époque la science aéronautique, il ne fallait pas à Mouillard moins d’audace pour lancer cet ouvrage qu’il ne lui en avait fallu pour s’élancer dans les airs. M. Abel Hureau de Villeneuve, fondateur et Directeur du Journal l’Aéronaute en fit la remarque. Consacrant la majeure partie de son numéro d’Octobre 1881 à un important et généreux article sur le Vol à voile et le livre de M. Mouillard, il s’écria dès les premières lignes.

« L’auteur a pris pour épigraphe le mot : Oser, et il justifie son épigraphe. En effet, dans son livre, M. Mouillard, abandonnant tous les lieux communs qui ont cours dans la science, aborde l’aviation par son côté le plus difficile, par le côté qui a jusqu’à ce jour effrayé tous les chercheurs. Rejetant le vol des rameurs qu’il trouve convenable seulement pour les petites espèces, il propose d’employer le vol à voiles, tel qu’il est pratiqué par les grandes espèces d’oiseaux… »

Ce langage dut plaire à l’auteur. À vrai dire, il ne venait pas chercher noise aux savants qui s’hypnotisaient à vouloir créer des avions à ailes battantes ou qui orientaient leurs théories vers la dirigeabilité des ballons. Il leur disait simplement : j’ai vu les oiseaux voguer dans les airs, les uns réalisaient des mouvements d’une complication extrême, d’autres choisissaient le moindre effort. N’est-il point naturel que ceux-ci aient surtout retenu attention ? Je vous expliquerai entre mille attitudes des êtres ailés celle qu’il me fut donné de mieux analyser, parce que, étant plus simple, elle imposait moins d’efforts à l’esprit, et je vous demanderai de travailler avec moi à la reproduire.

« La vue du grand vautour, dit-il, amène tout de suite