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— Oh ! oh ! fit Lupin, le client connaît du monde ici ! Doudeville, prends note de l’adresse !

Mais au bout de dix minutes il poussa un juron, se précipita sous la voûte, traversa une grande cour, une autre voûte, et déboucha dans une rue.

— Roulés, s’écria-t-il, la maison a une sortie sur la rue des Mathurins. Ah ! je comprends pourquoi ce gredin ne se retourne jamais. Sans même se demander s’il est suivi, il prend ses précautions et commence par s’évanouir dans l’ombre.

— Alors, patron ?

— Alors dînons tranquillement. Après nous irons surveiller le pavillon de la rue Delaizement.

À neuf heures, en effet, ils montaient de nouveau la faction.

Les minutes s’ajoutaient aux minutes, les quarts d’heure aux quarts d’heure.

La nuit s’écoula tout entière.

A l’aube, Malreich apparut.

Qu’avait-il pu faire au cours de cette longue nuit.


II


À onze heures du matin, Doudeville somnolait encore sur un banc, non loin du pavillon, lorsqu’une vieille femme, une sorte de malchande, à la toilette, sordidement vêtue, vint s’asseoir à côté de lui et prononça d’une grosse voix écaillée :

— Ça va la faction ?

Doudeville bondit.

— Quoi ! Qui êtes-vous ?

La vieille femme lui saisit le bras.

— Vas-te coucher, mon pauvre Doudeville, et dors tout ton saoul… tu en as besoin.

— Oui ! c’est vous ! patron. Si jamais je vous aurais reconnu !…

— Notre homme est toujours là ?

— Toujours.

— Eh bien, je prends la garde. Reviens à six heures… Ah ! auparavant, passe au Grand-Hôtel et apporte-moi mon courrier.