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par derrière, au premier étage… elle n’aura rien entendu.

— Crebleu ! fit Sernine, qu’est-ce qu’il y a là ? Approche ta lanterne…

Elle obéit. Ils virent une échelle dressée contre la maison et dont le sommet aboutissait à côté d’une fenêtre aux volets fermés.

— C’est la fenêtre du petit salon, n’est-ce pas ? demanda Sernine.

— Oui.

— Et l’un des carreaux manque. Fichtre ! ça devient grave. Dépêchons !…

Ils transportèrent Jules dans le petit salon et le déposèrent sur un canapé.

Le jeune homme perdait beaucoup de sang d’une blessure qu’il avait au cou.

Le prince ordonna :

— Va me chercher de l’eau… et de la ouate.

Il se courba, et, pour mieux nettoyer la plaie, écarta les vêtements et la chemise. Mais soudain, i] eut un cri d’horreur.

— Quoi ? dit la vieille femme.

— Le couteau… regarde… ce stylet que je trouve.

— Eh bien ?

— Eh bien. C’est le même… c’est un couteau semblable à celui dont on a frappé les trois victimes du Palace-Hôtel.

— L’affaire Kesselbach ?

— Oui.


II


Par bonheur, la blessure n’intéressait aucun organe essentiel. Vingt minutes après, Jules, sous les soins actifs du prince, revenait à la vie.

— Va jusqu’à la grand’route, dit Sernine à Mme Ernemont. Tu trouveras l’auto et tu diras à Octave de l’amener le plus près possible de la barrière, mais sans bruit. Au besoin qu’il éteigne le moteur et qu’il pousse à la roue.

Mme Ernement partie, le prince interrogea le blessé.

— Tu n’es pas trop faible ?

— Non, ca va mieux.

— Tu peux me répondre ?

— Oui.

— Comment se fait-il que tu sois là ?

— J’étais embêté de la gaffe que j’avais faite en causant devant ma sœur. Alors, je vous cherchais… j’espérais vous voir… m’expliquer avec vous.

— Après ?