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ARSÈNE LUPIN

l’autre, la bouche de l’autre, c’était surtout son expression aiguë, vivante, moqueuse, spirituelle, si claire et si jeune !

— Arsène Lupin, Arsène Lupin, balbutia-t-il.

Et subitement, pris de rage, lui serrant la gorge, il tenta de le renverser. Malgré ses cinquante ans, il était encore d’une vigueur peu commune, tandis que son adversaire semblait en assez mauvaise condition. Et puis, quel coup de maître s’il parvenait à le ramener !

La lutte fut courte. Arsène Lupin se défendit à peine, et, aussi promptement qu’il avait attaqué, Ganimard lâcha prise. Son bras droit pendait inerte, engourdi.


— Si l’on vous apprenait le jiu-jitsu au quai des Orfèvres, déclara Lupin, vous sauriez que ce coup s’appelle udi-shi-ghi en japonais.

Et il ajouta froidement :

— Une seconde de plus je vous cassais le bras, et vous n’auriez eu que ce que vous méritez. Comment, vous, un vieil ami, que j’estime, devant qui je dévoile spontanément mon incognito, vous abusez de ma confiance ! C’est mal… Eh bien, quoi, qu’avez-vous ?

Ganimard se taisait. Cette évasion dont il se jugeait responsable — n’était-ce pas lui qui, par sa déposition sensationnelle, avait induit