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GENTLEMAN-CAMBRIOLEUR

Il sourit avec amertume :

— Vous avez raison. Ce qui a été sera toujours. Arsène Lupin n’est et ne peut être qu’Arsène Lupin, et entre vous et lui, il ne peut même pas y avoir un souvenir… Pardonnez-moi… J’aurais dû comprendre que ma seule présence auprès de vous est un outrage…

Il s’effaça le long de la balustrade, le chapeau à la main. Nelly passa devant lui. Il fut tenté de la retenir, de l’implorer. L’audace lui manqua, et il la suivit des yeux, comme au jour lointain où elle traversait la passerelle sur le quai de New-York. Elle monta les degrés qui conduisent à la porte. Un instant encore sa fine silhouette se dessina parmi les marbres du vestibule. Il ne la vit plus.

Un nuage obscurcit le soleil. Arsène Lupin observait, immobile, la trace des petits pas empreinte dans le sable. Tout à coup, il tressaillit : sur la caisse de bambou contre laquelle Nelly s’était appuyée gisait la rose, la rose pâle qu’il n’avait pas osé lui demander… Oubliée sans doute, elle aussi ? Mais oubliée volontairement ou par distraction ?

Il la saisit ardemment. Des pétales s’en détachèrent. Il les ramassa un à un comme des reliques…

— Allons, se dit-il, je n’ai plus rien à faire ici. Songeons à la retraite. D’autant que si