Page:Leblanc - De minuit à sept heures, paru dans Le Journal, 1931.djvu/26

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Il sourit de nouveau et il s’approchait un peu de la comtesse, quand il s’arrêta. Dans la pièce voisine, les voix s’élevaient, plus fortes, et l’on entendait celle du vieillard, indignée et stridente, qui proférait :

— C’est une escroquerie ! Plus de la moitié de mes bijoux ! On m’avait bien prévenu que vous n’étiez qu’un voleur et que toute votre bande…

La porte fut ouverte avec fracas et Baratof, furieux, poussa dehors le vieillard qui l’apostrophait et l’injuriait. La comtesse écoutait, toute droite, livide. Elle aussi avait dû se soumettre à la rapacité de Baratof.

Gérard fit un geste d’irritation et prononça :

— Quelle brute que ce Baratof !… Je me doutais bien… Je vous en prie, madame, ne restez pas un instant de plus. Votre place n’est pas ici.

Mais, comme il se disposait à la conduire dans le jardin, Baratof revint, fort agité, et s’écria :

— Eh bien ! Gérard, et les perles ? Tu m’avais dit qu’elles étaient dans la besace. Je ne les ai pas trouvées.

— Ah ! tiens, c’est vrai, répondit Gérard d’un ton négligent. Elles sont dans ma poche. Tu comprends, c’était plus sûr.

— Donne ! dit Baratof avec impatience.

— Comment ça, donne ? Mais ces perles ne t’appartiennent pas Baratof.

— Si, en partie, trois rangs reviennent à la comtesse, deux à nous. Je te l’ai dit, nous sommes d’accord, elle et moi.

— Accord qui ne compte pas, puisque je n’ai pas été consulté, dit Gérard, d’un ton plus ferme. Ces perles appartiennent à la comtesse.