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II

À l’époque où se dénouait mon amitié pour Jean Duvalloy, le hasard me fit découvrir dans la bibliothèque de grand-père une série de livres érotiques, ornés de gravures. J’y puisai mes premières idées sur la femme,

Plutôt qu’une pareille initiation eût-il mieux valu le baiser de quelque servante ? J’aurais ignoré ces rêves dangereux qui émoussent la franchise du désir en l’associant à de simples images, et, plus tard, l’approche de la femme ne m’eût point déconcerté comme tous ceux dont les sens s’éveillèrent dans le désordre de l’imagination. Mais cette timidité qui me sauva des mauvaises étreintes, n’a-t-elle pas, en exaltant ce qu’il y avait on moi de plus sensible, fait jaillir des sources de bonheur plus précieuses ? L’homme voudrait bien se hausser à une plus noble conception de l’amour, et néanmoins il souffre dans son orgueil quand son désir ne se manifeste pas à la façon des bêtes.