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Page:Leblanc - L’Éclat d’obus, 1916.djvu/187

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L’ÉCLAT D’OBUS
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ne pas savoir, lui. Est-elle vivante ou morte ? Ou bien a-t-il été jusqu’au bout la dupe d’une intrigante, et garde-t-il à la disparue son souvenir et sa tendresse ? Mais non, cela n’est pas croyable, puisqu’il y a cette photographie, faite quatre ans plus tard, et qui lui a été envoyée, et envoyée de Berlin ! Donc il sait, et alors… »

Paul était vivement troublé. Les révélations de l’espion Karl lui avaient montré tout à coup M. d’Andeville sous un jour étrange. Et voilà que les circonstances amenaient M. d’Andeville auprès de lui, à l’instant même où le major Hermann venait d’être capturé !

Paul se tourna vers la soupente. Le major ne bougeait pas, le visage collé contre la muraille.

— Ton père est donc resté dehors ? dit Paul à son beau-frère.

— Oui, il avait pris la bicyclette d’un homme qui a couru près de nous et qui a été légèrement blessé. Papa le soigne.

— Va le chercher, et, si le lieutenant n’y voit pas d’inconvénient…

Il fut interrompu par l’éclatement d’un shrapnell dont les balles criblèrent les sacs entassés devant eux. Le jour se levait. On voyait une colonne ennemie surgir de l’ombre à mille mètres au plus.

— Qu’on se prépare ! cria d’en bas le lieutenant. Et pas un coup de feu avant mon ordre. Que personne ne se montre !…

Ce n’est qu’au bout d’un quart d’heure, et seulement durant quatre ou cinq minutes, que Paul et M. d’Andeville purent échanger quelques mots, d’une façon si heurtée d’ailleurs