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Page:Leblanc - L’Éclat d’obus, 1916.djvu/317

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L’ÉCLAT D’OBUS
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pour ceux de cette race. Ils se sont mis en dehors de l’humanité et jamais nous ne devrons l’oublier. Quand vous serez mère, madame, vous apprendrez à vos enfants un sentiment que la France ignorait et qui sera une sauvegarde dans l’avenir : la haine des Barbares.

Il lui prit le bras d’un geste amical et l’entraîna vers la porte.

— Permettez-moi de vous conduire. Vous venez, Delroze ? Vous devez avoir besoin de repos après une telle journée.

Ils sortirent.

L’espionne hurla :

— Grâce ! Grâce !

Déjà les soldats se rangeaient le long du mur opposé.

Le comte, Paul et Bernard demeurèrent un instant. Elle avait tué la femme du comte d’Andeville. Elle avait tué la mère de Bernard et le père de Paul. Elle avait torturé Élisabeth. Et, bien que leur âme fût troublée, ils éprouvaient ce grand calme que donne le sentiment de la justice. Aucune haine ne les agitait. Aucune idée de vengeance ne palpitait en eux.

Pour la soutenir les gendarmes avaient attaché l’espionne à un clou par la ceinture. Ils s’écartèrent.

Paul lui dit :

— Un des soldats qui sont là est prêtre. Si vous avez besoin de son assistance…

Mais elle ne comprenait pas. Elle n’écoutait pas. Elle voyait seulement ce qui se passait et ce qui allait se passer, et elle bredouillait interminablement :

— Grâce !… Grâce !… Grâce !…

Ils partirent tous les trois. Lorsqu’ils arri-