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Page:Leblanc - Le Bouchon de cristal, paru dans Le Journal, 25-09 au 09-11-1912.djvu/147

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distribuée en parties inégales par les quatre gros piliers massifs qui soutenaient ses voûtes. Une odeur de moisissure et d’humidité montait de ses murailles et de ses dalles mouillées par les infiltrations. L’aspect devait en être, à toute époque, sinistre. Mais, à cette heure-là, avec les hautes silhouettes de Sébastiani et de ses fils, avec les lueurs obliques qui jouaient sur les piliers, avec la vision du captif enchaîné sur un grabat, elle prenait une allure mystérieuse et barbare.

Il était au premier plan, Daubrecq, à cinq ou six mètres en contrebas de la lucarne où Lupin se tenait blotti. Outre les chaînes antiques dont on s’était servi pour l’attacher à son lit et pour attacher ce lit à un crochet de fer scellé dans le mur, des lanières de cuir entouraient ses chevilles et ses poignets, et un dispositif ingénieux faisait que le moindre de ses gestes mettait en mouvement une sonnette suspendue au pilier voisin.

Une lampe posée sur un escabeau l’éclairait en plein visage.

Debout près de lui, le marquis d’Albufex, dont Lupin voyait le pâle visage, la moustache grisonnante, la taille haute et mince, le marquis d’Albufex regardait son prisonnier avec une expression de contentement et de haine assouvie.

Il s’écoula quelques minutes dans un silence profond. Puis le marquis ordonna :

— Sébastiani, allume donc ces trois flambeaux, afin que je le voie mieux !

Et, lorsque les trois flambeaux furent allumés et qu’il eut bien contemplé Daubrecq, il se pencha et lui dit presque doucement :

— Je ne sais pas trop ce qu’il adviendra de nous deux. Mais, tout de même, j’aurai eu là, dans cette salle, de sacrées minutes de joie. Tu m’as fait tant de mal, Dau-