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Page:Leblanc - Le Bouchon de cristal, paru dans Le Journal, 25-09 au 09-11-1912.djvu/149

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— Vas-y, ordonna d’Albufex, après quelques secondes d’attente.

Sébastiani relâcha les lanières qui serraient les poignets de Daubrecq, introduisit et fixa le bâton entre les lanières.

— Je tourne, monsieur le marquis ?

Un silence encore. Le marquis attendait. Daubrecq ne bronchant pas, il murmura :

— Parle donc ! À quoi bon t’exposer à souffrir ?

Aucune réponse.

— Tourne, Sébastiani.

Sébastiani fit accomplir au bâton une révolution complète. Les liens se tendirent. Daubrecq poussa un gémissement.

— Tu ne veux pas parler ? Tu sais bien pourtant que je ne céderai pas, qu’il m’est impossible de céder, que je te tiens, et que, s’il le faut, je te démolirai jusqu’à t’en faire mourir. Tu ne veux pas parler ? Non ?… Sébastiani, un tour de plus.

Le garde obéit. Daubrecq eut un soubresaut de douleur et retomba sur son lit en râlant.

— Imbécile ! cria le marquis tout frémissant. Parle donc ! Quoi ? Tu n’en as donc pas assez, de cette liste ? C’est bien le tour d’un autre, pourtant. Allons, parle… Où est-elle ? Un mot… un mot seulement… et on te laisse tranquille… Et demain, quand j’aurai la liste, tu seras libre. Libre… tu entends ? Mais pour Dieu, parle !… Ah ! la brute ! Sébastiani, encore un tour.

Sébastiani fit un nouvel effort. Les os craquèrent.

— Au secours ! au secours ! articula Daubrecq d’une voix rauque et en cherchant vainement à se dégager.

Et, tout bas, il bégaya :

— Grâce… grâce…

Spectacle horrible ! Les trois fils avaient des visages convulsés. Lupin, frissonnant,