Aller au contenu

Page:Leblanc - Le Cercle rouge, paru dans Le Journal, 1916-1917.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Florence et Max Lamar, une seconde, furent cloués à leur place par la stupeur.

Déjà la main avait disparu.

Lamar bondit, enjamba le canapé, et voulut passer par la porte que les rideaux cachaient, mais il sentit une résistance et perdit quelques instants avant de la vaincre. La porte céda enfin, renversant deux fauteuils, avec quoi on l’avait barricadée. Lamar, que Florence rejoignit, se trouva dans un vestibule désert, éclairé seulement par la lune passant à travers la fenêtre. Il parcourut une galerie voisine, traversa deux salons et sortit dans les jardins sans pouvoir trouver la moindre trace de la voleuse. Sur le vaste perron tout enguirlandé de lierre, Florence, debout, regardait de tous côtés.

— Rien. Je n’ai rien trouvé, lui dit Lamar, en proie à une vive irritation nerveuse. C’est fou ! Elle a disparu comme une ombre ! Rentrons dans les salons, voulez-vous ? Et surtout pas un mot à qui que ce soit, avant que nous ayons pu jeter les yeux sur les mains de toutes les personnes présentes. Voilà l’heure du départ, nous n’avons qu’à nous poster dans le vestibule, auprès de la sortie.



XIX

L’écrin volé


La gouvernante Mary resta longtemps dans le vestibule où elle s’était retirée après avoir vu Florence quitter Max Lamar et partir au bras d’un danseur. L’humble et fidèle amie de la jeune fille ne craignait plus pour celle-ci la perspicacité redoutable du médecin-légiste, et elle préférait fuir le mouvement, le bruit et la lumière du bal, dont la gaieté était en désaccord avec les secrets tourments qui l’assiégeaient.

Pourtant, au bout d’un temps assez long, elle s’inquiéta de nouveau de ne pas voir réapparaître Florence. Elle était étonnée que la jeune fille n’eût pas songé à venir lui dire un mot d’affection, et, quittant sa retraite, Mary se dirigea vers le salon où Mme Travis se tenait.

La vieille dame était toujours confortablement installée dans le fauteuil où Lamar, au début du bal, l’avait fait asseoir et elle causait avec un monsieur correct qui était, Mary le comprit, le directeur de l’hôtel. Il quitta Mme Travis lorsque Mary s’approcha de celle-ci et la gouvernante demanda à sa maîtresse si elle savait où se trouvait Florence.

— Pas du tout, répondit la vieille dame. Je suppose qu’elle ne manque pas une danse. Vous la trouverez certainement dans les salons, ma bonne Mary. Du reste, ne la dérangez pas pour moi, laissez-la s’amuser. Moi, je vais rentrer, il se fait tard. Dites-le à Florence. Vous la ramènerez quand le bal sera fini. Je vous renverrai la voiture.