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LE SCANDALE DU GAZON BLEU

— Les femmes ne veulent jamais que l’on croie, même à l’évidence.

— L’évidence n’est pas toujours la vérité. Et puis, rien, quand même, ne te donne le droit de me faire souffrir ainsi.

Elle dit ces mots avec tant de détresse, qu’il s’écria :

— Tu as raison. Pardonne-moi. C’est fini. C’est fini.

— Tu ne la reverras plus ?

— Jamais. Ni elle, ni aucune autre.

— Tu me le jures ?

— Je te le jure.

Elle allait répondre, s’interrompit soudain :

— Regarde là-haut !… notre appartement !

Patrice modéra l’allure de l’auto. Il leva les yeux. À cent mètres de distance, visible par-dessus des constructions basses qui le précédaient, on pouvait distinguer l’immeuble que les Martyl habitaient et, au septième étage, les fenêtres de leur appartement qui étaient éclairées.

— Qu’est-ce que cela veut dire ? demanda-t-il. Les domestiques peut-être ?

— Non, ils avaient congé ce soir. C’est la police, sans aucun doute, murmura nerveusement Dominique toute tremblante, le brigadier Delbot qui nous poursuit, qui est venu nous arrêter.

— Impossible, protesta Patrice à voix basse. On n’arrête pas les gens à cette heure, sauf en cas de flagrant délit. La loi est formelle.

Il rangea la voiture devant chez eux, au ras du trottoir. Il mit pied à terre, suivi de Dominique, sonna et se précipita dans l’ascenseur. Pourquoi venait-on dans leur appartement ?

La menace était là, effective, immédiate…

— À moins que ce ne soit une perquisition ? reprit Dominique.

— Ce serait complètement illégal. Mais Delbot qui nous hait, n’en est pas à ça près. Il risque tout pour nous confondre. Il a tenté une visite nocturne, sachant que nous n’étions pas chez nous, et il a forcé la porte pour avoir le loisir de fouiller partout et de trouver des preuves.

Ils quittèrent l’ascenseur au septième étage, leur porte était fermée, sans trace suspecte. Patrice ouvrit doucement.