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L’AMANT DE DOMINIQUE

Les voyageurs s’éloignèrent. Patrice et Dominique, qui avaient marché avec eux jusqu’à la grille, revinrent lentement vers le perron. Tous deux n’échangèrent pas une parole. Leurs pensées s’entendaient l’une l’autre. Ce départ, c’était la libération définitive…

— À présent… dit Dominique en montant les marches.

— Oui, répondit Patrice, à présent…

Ils se comprenaient. À présent ils pouvaient reconstituer leur foyer, leur intimité.

Quelques jours passèrent encore, et il fallut songer au retour. Sa profession d’avocat rappelait impérieusement Patrice à Paris. En outre, à diverses reprises, ils aperçurent Romain Delbot qui rôdait dans les environs du château. Et un soir, les volets de leur chambre furent poussés. Un homme se précipita vers eux effaré.

— Sauvez-moi, je vous en prie… Sauvez-moi.

— Qui êtes-vous ?

— Jules Caboche, le type que vous avez trouvé devant votre auto le soir du Gazon Bleu, celui qui servait le champagne. Je me suis évadé, mais Delbot m’a retrouvé, et on me traque, j’ai peur.

— Que voulez-vous ?

— Que vous m’écoutiez un moment.

— C’est vous qui avez tué la Pierreuse.

— Non, c’est l’autre. C’est Julot. Il s’était mêlé à nous dans le désordre de la nuit et m’a ordonné de filer. Il me faisait peur. J’ai obéi. Il voulait le collier de perles, et comme elle refusait, il l’a tuée.

« Je m’étais caché. Après la fuite des autres, je me suis glissé jusqu’à la Pierreuse pour voir s’il y avait quelque chose à faire pour elle. Elle ne râlait déjà plus. C’est à cet instant que j’ai vu dans l’herbe tout près, là où, probable, elle l’avait jeté pour que Julot ne lui prenne pas, le collier de perles. Je l’ai ramassé.

« J’ai eu tort. Jusqu’alors, j’avais rien fait de grave. Des saouleries, des injures à des flics, des rixes, du tapage. Mais j’étais un honnête homme. Pour le coup, je devenais un voleur. Vous me croirez si vous voulez bien, mais j’ai eu des remords qui me durent encore maintenant. Et des cauchemars la nuit, et la frousse le jour.