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» Je suis riche. Je versai de l’argent aux gardiens de sa prison, sans toutefois découvrir mes projets. Je nouai des intelligences avec les fournisseurs et avec le personnel de l’infirmerie. Et, chaque jour, m’étant procuré une carte de rédacteur judiciaire, j’allais au Palais de justice et dans le couloir des juges d’instruction où j’espérais rencontrer Marie-Anne et l’encourager d’un regard, d’un geste, peut-être lui glisser quelques mots de réconfort.

» Son martyre continuait, en effet. Par cette mystérieuse affaire des lettres d’Hippolyte Fauville, vous lui portiez le coup le plus terrible. Que signifiaient ces lettres ? D’où provenaient-elles ? N’avait-on pas le droit de vous attribuer toute cette machination, à vous qui les versiez dans l’effroyable débat ? Florence vous surveillait, nuit et jour, pouvait-on dire. Nous cherchions un indice, une lueur qui nous permît de voir un peu plus clair.

» Or, hier matin, Florence aperçut le brigadier Mazeroux. Elle ne put entendre ce qu’il vous confiait. Mais elle surprit le nom du sieur Langernault, et le nom de Formigny, le village où il habitait. Langernault. Elle se souvint de cet ancien ami d’Hippolyte Fauville. N’était-ce pas à lui que les lettres avaient été écrites, et n’était-ce pas à sa recherche que vous partiez en auto avec le brigadier Mazeroux ?

» Une demi-heure plus tard, désireux nous aussi de faire notre enquête, nous prenions le train d’Alençon. De la gare, une voiture nous conduisit aux alentours de Formigny, où nous fîmes notre enquête avec le plus de circonspection possible. Après avoir appris ce que vous devez savoir également, la mort du sieur Langernault, nous résolûmes de visiter sa demeure, et nous avions réussi à y pénétrer, lorsque soudain Florence vous avisa