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— Mais il est en voyage !

— Il est même en fuite, après avoir fait main basse sur la caisse de la légation. Mais, avant de s’enfuir à l’étranger, il a signé une déclaration qui nous est parvenue hier soir, et par laquelle il affirme vous avoir confectionné tout un état civil au nom de don Luis Perenna. Voici votre correspondance avec lui, et voici tous les papiers qui établissent la véracité de ses allégations. Il suffit de les examiner pour être convaincu : 1o que vous n’êtes pas don Luis Perenna ; 2o que vous êtes Arsène Lupin.

Don Luis eut un geste de colère.

— Ce gredin de Cacérès n’est qu’un instrument, grinça-t-il. C’est l’autre qui est derrière lui, qui l’a payé et qui l’a fait agir. C’est le bandit lui-même. Je reconnais sa main. Une fois de plus, et au moment décisif, il a voulu se débarrasser de moi.

— Je le crois volontiers, fit le président du Conseil. Mais comme tous ces documents, selon la lettre qui les accompagne, ne sont que des photographies, et que si vous n’êtes pas arrêté ce matin, les originaux seront remis ce soir à un grand journal de Paris, nous devons faire état de la dénonciation.

— Mais, monsieur le président, s’écria don Luis, puisque Cacérès est à l’étranger, et que le bandit qui lui a acheté les documents a dû s’enfuir également avant d’avoir pu mettre sa menace à exécution, il n’y a pas à craindre maintenant que les documents soient livrés aux journaux !

— Qu’en savons-nous ? L’ennemi a dû prendre ses précautions. Il peut avoir des complices.

— Il n’en a pas.

— Qu’en savons-nous ?

Don Luis regarda Valenglay, et lui dit :

— Où donc voulez-vous en venir, monsieur le président ?

— À ceci. Bien que nous fussions pressés par les menaces du sieur Cacérès, M. le préfet de police, désireux de faire toute la lumière possible sur le rôle de Florence Levasseur, n’a pas interrompu votre expédition d’hier soir. Cette expédition n’ayant pas abouti, il a voulu tout au moins profiter de ce que don Luis s’était mis à notre disposition pour arrêter Arsène Lupin. Si nous le relâchons, les documents seront sans doute publiés, et vous voyez la situation absurde et ridicule où cela nous mettra devant le public. Or, c’est précisément à ce moment-là que vous demandez la