Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/392

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de la Troisième République[1]. Mais, précisément, à défaut de la Présidence, le plus humble poste était celui qui convenait au Poète : il importait seulement que le nécessaire fût assuré à la famille. Sa fierté naturelle ne souffrit nullement de l’humilité de ses fonctions. Simple et altier, il traversait chaque jour vers son bureau les galeries du Luxembourg. La sérénité de sa démarche étonnait l’ignorance des politiciens : « Il a l’air de se croire autant qu’un sénateur, » disait l’un d’entre eux.

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Par la commodité des puériles assimilations, on a dit que, devenu fonctionnaire, Leconte de Lisle s’était embourgeoisé. Les enthousiasmes de sa jeunesse se seraient figés en cette rigidité de « marbre » dont on a tant parlé. Sa vieillesse aurait souri des illusions et des utopies du socialiste d’antan. Simplement, cela est faux. « D’où vient donc, écrit Mme  Jean Dornis, que Leconte de Lisle ait reculé jusqu’aux derniers jours à écrire ce poème si souvent promis à ses admirateurs ? C’est que lui-même eut le sentiment qu’il ne correspondait plus aux préoccupations des contemporains. Sans en démêler exactement les causes (toujours !), il comprit qu’il y avait dans ses imprécations beaucoup de romantisme et peut-être aussi de voltairianisme.

  1. Il aurait été certainement sénateur inamovible, selon ses amis, sans l’histoire de la pension.