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CHAPITRE XIV

L’ÎLE ET L’HOMME



L’histoire poétique de l’île. — Les préjugés sur les créoles. — La place de Bourbon dans l’œuvre. — La qualité du souvenir. — Le goût de la jeunesse,



L’île où, en 1818, naquit Charles-Marie Leconte de Lisle a toujours joui de la réputation d’une exaltante beauté[1]. Cette beauté a été, dès la découverte, constatée et assez poétiquement exprimée par les voyageurs et les savants qui s’y arrêtèrent : les premiers sacrifièrent aux Muses en colorant la carte qu’ils en dressaient ; les seconds fleurirent de lyriques méditations les mémoires qu’ils publièrent de sa faune et de sa flore. On peut dire que les savants et les voyageurs furent les premiers poètes de l’île Bourbon. Sans doute, l’île en compta bien d’autres : ceux d’entre les premiers colons du XVIIIe siècle qui, venus d’un monde ancien, débarqués d’un siècle artificiel et frivole, durent, dans leurs correspondances, manifester

  1. C’était un paradis qu’on proposait aux gens désireux de vivre librement dans la nature.